1. La Famille Campiche
Voici la présentation de notre histoire, par le généalogiste Raoul Campiche au début des année 40 :
La notice que nous offrons présentement, tout d’abord aux membres de notre famille, puis au public en général, est le résultat de plus de vingt ans de recherches souvent laborieuses et difficiles. Il nous a fallu en effet consulter une quantité considérable de documents, dispersés dans diverses archives du Pays et de l’Etranger. Citons, entre autres, celles de Sainte-Croix et des communes voisines (Baulmes, Vuiteboeuf, Les Fourgs, La Côte aux Fées ); celles des cantons de Vaud (Lausanne), de Neuchâtel et de Genève, et enfin à l’étranger, celles de Besançon, Dijon, Annecy, Chambéry et Turin.
Commencées en 1902 par Hermann Campiche, fils de Ferdinand-Emile allié Delay, puis continuées avec notre collaboration dès 1903 jusqu’à sa mort survenue en mars 1905, nous avons poursuivi ces recherches seuls dès cette date jusqu’en 1931. Durant cette longue période nous avons éprouvé maintes déceptions surtout lorsque nous étions obligés de constater soit la disparition de registres de la plus haute importance, soit la négligeance avec laquelle certains autres ont été tenus. Parmi ceux de cette dernière catégorie, citons les registres de l’ancien Etat-Civil de Sainte-Croix. Cette série qui remontait probablement au milieu du XVIe siècle ne commence qu’en 1702, les volumes antérieurs ayant été détruits lors de l’incendie de la cure en janvier de la même année. D’autre part jusque vers 1730 les inscriptions sont parfois si sommaires qu’elles ne permettent pas toujours l’établissement des filiations d’une manière bien certaine. Enfin, l’ancien cadastre (bernois et savoyard) qui débutait en 1383 aurait pu fournir de précieuses indications sur l’origine de notre famille. Malheureusement, il est introuvable soit à Sainte Croix, soit ailleurs, et personne n’a pu nous dire s’il existe encore ou s’il a été détruit. Quant à la série des notaires, elle débute en 1554 par les minutes d’Egrège Martin Jaccard. Nous les avons consultées ainsi que celles de ses successeurs, jusqu’en 1640. C’est dire toutes les difficultés que nous avons rencontrées au cours de nos recherches. Nos successeurs seront certainement mieux favorisés sous ce rapport, car ils disposeront d’une documentation abondante et n’auront que l’embarras du choix.
A côté de ces déboires, nous avons eu la bonne fortune de pouvoir bénéficier de travaux antérieurs. C’est ainsi que vers 1682, Guillaume Bornand, secrétaire communal, avait commencé à établir le tableau généalogique de toutes les familles bourgeoises de Sainte Croix. Il est regrettable que ce travail soit resté à l’état d’esquisse, s’arrêtant vers 1686, sans doute par suite de la perte de ces registres paroissiaux en 1702, qui semblent avoir constitué l’unique base de sa documentation. Les filiations établies par ses soins sont donc incontrôlables, c’est pourquoi nous nous sommes bornés à relever les filiations directes ainsi que celles dont nous avons pu reconnaitre l’exactitude par des documents officiels. Notre notice est donc en quelque sorte un extrait des tableaux de Guillaume Bornand, et non une copie pure et simple de ces derniers.
Une importante lacune entre 1686 et 1730 était à combler. Fort heureusement, un « Monsieur Jean-Louis fils de feu David Campiche » que nous n’avons pas réussi à
identifier avait, en octobre 1755, fait établir une généalogie des Campiche de Sainte-Croix par un nommé François-Louis-Elie Mermod. Il s’agit d’un tableau dans lequel la solution de continuité signalée plus haut est inexistante. Il était jadis la propriété de feu Oscar Campiche qui avait bien voulu nous le communiquer. Actuellement ce document est en mains de son fils Otto.IV
Nous avons donc utilisé ces deux tableaux (celui de Guillaume Bornand et celui de François-Louis-Elie Mermod) en les rectifiant partout où cela était nécessaire et surtout en les complétant de façon à rendre notre travail aussi intéressant que possible. Avons-nous réussi? Nous l’espérons. Si malgré nos peines il s’y trouvait encore des erreurs, cela peut arriver, nous nous en excusons d’avance en rappelant le vieil adage bien connu: « La perfection n’est pas de ce monde ».
R C
2. Etymologie et Blason
Laissons à ce sujet la parole à Raoul (en 1942)
Variantes orthographiques: Campuchuz, Campichoz, et enfin Campiche.
Etymologie du nom: Du fait que nous n’avons jamais rencontré de forme latine quelconque, on peut déduire que nous avons à faire à un substantif en vieux français terminé en oz, c’est à dire du genre masculin. Le az est en effet la caractéristique du féminin. Mais que signifie-t-il? Pour essayer de le savoir il est nécessaire de séparer les deux syllabes dont il est formé.
D’emblée dans la première cam, il est aisé de reconnaître une forme du mot champ qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer.- Campagne, champagne, champ et camp (du verbe camper) viennent du latin campus, et ont la même signification.- D’autre part, en vieux français champagne est une forme du mot CAMPAGNE.
Quant à la seconde, piche, sa signification sera moins facile à trouver. Essayons cependant.
Dans ses mémoires, le banneret Pierrefleur d’Orbe raconte qu’en 1554, lorsqu’il fut question de démolir les autels des églises de cette ville, les bourgeois vinrent avec leurs instruments comme fossoirs, peuferts, piches, palanches, perches et autres choses pour vaquer à cette besogne (Mémoires de Pierrefleur par Verdeil page 301. Junod pages 212).
Mr. Junod archiviste cantonal, (petit fils de Jules dit au doreur de la Sagne), qui a commenté cet ouvrage dans une récente publication, pense que ces piches doivent être des pics ou des pioches. Or, un pic n’est pas autre chose qu’une sorte de pioche.
Cette hypothèse est d’ailleurs confirmée par le texte d’un contrat de fermage
daté de 1615 concernant il est vrai, la contrée de Paris. A cette date, un propriétaire remet à son fermier… 3 seilles, 2 piches et divers autres instruments aratoires que ce dernier sera tenu de rendre en bon état à l’expiration de sa ferme. (Olivier de Serres, son Livre de Raison, par Henry Washalde. Paris 1886, no.23).
D’autre part, au point de vue orthographique la différence entre Piche et Pioche n’est pas bien grande: la lettre o en plus au milieu de ce dernier mot.
Bourgeoisies: Ste-Croix de temps immémorial. Une branche a acquis la bourgeoisie d’Agiez en 1841, d’autres à diverses époques ont été naturalisées genevoises, zurichoises ou même françaises.V
Armoiries: Un cachet ayant appartenu au lieutenant Jean-François Campiche en 1711, porte un écu assez effacé que l’on a cru pouvoir blasonner comme suit:
au soc de charrue senestré d’une biche, accompagné de deux
étoiles en chef. Emaux inconnus.
En 1788 la branche dite des Verrières a adopté un autre blason provenant probablement de l’officine Bonacina de Milan:
Coupé d’arpent à l’aigle de sable
Couronné d’or et de gueules à cinq
fleurs de lis d’arpent, trois et deux.
Il va sans dire que des adjonctions telles que casque, lambrequins, plumes etc. sont de pure fantaisie et n’ont par conséquent rien d’authentique.
Par la suite, ces armoiries sont devenues celles de la famille toute entière. (Galbreath, Armorial vaudois).
Nyon, le 10 octobre 1942. F. Raoul CAMPICHE.
3. Genèse de notre Caisse
Le travail de nos Pères Fondateurs, en 1937, soit six ans avant la constitution de la Caisse :
Séance du 10 juin 1937:Procès-verbal de séance du Comité d’initiative en vue de la Constitution
d’une Caisse de famille « Campiche », de Ste.Croix.
Sur l’initiative de Mr. Louis-Marius Campiche, à Lausanne, un Comité d’initiative pour la fondation d’une Caisse de famille Campiche s’est réuni, le 10 juin 1937 à 21heures à l’Hôtel d’Espagne, à Ste-Croix.
Il se compose de MM: Louis-Marius Campiche, commerçant à Lausanne, Ulysse Campiche, facteur postal à Ste.Croix, Albert Campiche, Boursier communal, à Ste-Croix et Arnold Campiche, Notaire à Ste.Croix.
Un agréable échange de vues a lieu entre les membres de ce Comité au cours duquel Mr. Louis-Marius Campiche annonce que le travail entrepris par lui pour reconstituer l’arbre généalogique de la famille est sur le point d’être terminé; il propose que des copies de ce document soient tirées à l’appareil reproducteur, puis qu’un exemplaire en soit adressé à chaque Campiche connu avec prière de verser à son chèque postal une contribution laissée au gré de chacun. Alors, Mr. Louis-Marius Campiche abandonnera généreusement le montant ainsi obtenu en faveur d’un fond initial, soit de premier versement au bénéfice de la dite Caisse de famille.
Après remerciements adressés à Mr. Louis-Marius Campiche, le Comité d’initiative admet cette proposition et décide de suivre à l’étude de la question.
Une nouvelle séance aura lieu en automne et, à ce moment là, le Comité verra quelles mesures il y aura lieu de prendre; en attendant, les membres du Comité sont chargés de rechercher le plus grand nombre possible d’adresses de Campiche.
Aprés un long et intéressant échange de propos ayant trait plus spécialement à la famille Campiche et après avoir fraternellement partagé le verre de l’amitié, généreusement offert par Mr. Louis-Marius Campiche, la séance est terminée à 23 heures.
Ulysse de James.